Marisol TOURAINE a présenté lundi 9 mars les conclusions des groupes de travail relatifs au projet de Loi de santé. A quelques jours d’une manifestation dont la portée symbolique est d’ores et déjà historique, la tentative de déminage opérée par le Ministère de la Santé ne convainc personne.
Des annonces de la Ministre, certains retiendront qu’elles constituent une avancée : les jeunes n’y voient que le signe supplémentaire d’un entêtement déraisonnable. En refusant d’entendre les craintes, en balayant les oppositions et en maintenant coûte que coûte un dispositif de tiers-payant cogéré par les organismes complémentaires, le Ministère de la Santé fait le choix d’amplifier un conflit social déjà lourd.
Nous, futurs et jeunes médecins, n’accepterons pas de voir le système de l’Assurance Maladie universelle mis en défaut par une réforme mal menée.
Nous, futurs et jeunes médecins, n’accepterons pas de voir s’étendre les prérogatives d’organismes complémentaires qui s’assoient sur leurs valeurs jusqu’à penser qu’ils doivent prendre en charge l’ensemble de la prise en charge des soins.
Nous, futurs et jeunes médecins, n’accepterons pas un dispositif de tiers-payant généralisé dont la seule finalité serait de mettre en lien direct le médecin et les organismes complémentaires.
Nous ne nous résignerons pas devant la fatalité de ceux qui ont cessé d’y croire : nous ne cèderons pas notre indépendance aux organismes complémentaires !
Partout en France, la mobilisation des jeunes est sans précédent.
Paris, Grenoble, Poitiers, Limoges, Nantes, Lyon, Rennes, Brest, Montpellier, Marseille, Nancy, Bordeaux, Amiens : est-il nécessaire d’allonger encore la liste pour prouver combien le malaise est grand ? Après des semaines d’une concertation à marche forcée, le bilan est amer.
En répondant à la grogne par des ajustements de dernière minute, la Ministre laisse penser qu’elle a mis de côté l’essentiel. Qui peut raisonnablement penser qu’une mobilisation d’une telle envergure résulte de vagues désaccords sur quatre points précis d’un projet qui en compte plus de cinquante ?
En annonçant une Stratégie Nationale de Santé ambitieuse, Marisol TOURAINE a fait un pari fou : elle s’est engagée devant la Nation à réformer en profondeur un système malmené, au bord de la rupture. Aujourd’hui, les masques tombent. L’effet de manche a cédé le pas à l’épreuve de vérité. A ce jeu-là, il n’est plus permis d’hésiter.
Les attentes sont trop grandes, les craintes trop exacerbées pour admettre la réponse qu’il nous a été donné d’entendre ce lundi. A l’heure des choix, les jeunes n’accepteront pas l’excuse du mauvais timing.
Si certains pensaient encore avoir face à eux une jeunesse éteinte, qu’ils se rassurent : elle est bien vivante ! Pour qu’il soit encore possible d’exercer notre médecine demain, pour qu’il soit encore permis de voir exister une solidarité nationale en santé, pour qu’il soit encore raisonnable de vouloir soigner bien, nous manifesterons à Paris le dimanche 15 mars. Face à l’intransigeance, nous répondrons par une mobilisation d’envergure. Quitte à ce que le mouvement se durcisse après le 15 mars.
Pour l’ANEMF, Sébastien FOUCHER, Président.
Pour l’ISNAR-IMG, Pierre-Antoine MOINARD, Président.
Pour l’ISNCCA, Dr Julien LENGLET, Président.
Pour l’ISNI, Mélanie MARQUET, Présidente.
Pour ReAGJIR, Jacques Olivier DAUBERTON, Président.