En cette fin d’année, un nouveau site Internet défraie la chronique et mobilise les réseaux sociaux… La proposition interroge pour le moins.
Un site à la pointe de la médecine de demain ?
Design épuré et fonctionnel, concept révolutionnaire, constellation de médecins experts de 180 pathologies, sécurité et confidentialité des données… tout est fait pour le patient.
D’ailleurs, le site lancé il y a seulement quelques jours permet déjà de lire les témoignages de patients reconnaissants. C’est le cas d’André, heureux quinquagénaire à qui un deuxième avis – “d’expert” – a changé la vie.
Une innovation qui aurait obtenu l’aval de l’Agence Régionale de Santé d’Île-de-France, respecterait le Code de la santé publique, serait en conformité avec le décret du 19 octobre 2010 relatif à la télémédecine((Décret n° 2010-1229 du 19 octobre 2010 relatif à la télémédecine)) et se soumettrait aux principes de l’éthique médicale et de la déontologie professionnelle…
Une caution morale incertaine ?
Le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) a publié un communiqué le 18 décembre 2015((L’Ordre des Médecins lance une mission pour examiner la conformité des nouvelles prestations médicales relevant de « l’ubérisation de la santé », Conseil National de l’Ordre des Médecins, 18 décembre 2015)).
Il y relève un “risque de dérive vers du commerce électronique non régulé qui réduirait la pratique médicale à une simple prestation électronique moyennant rétribution, via des plateformes du secteur marchand”
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Le Dr Jacques LUCAS aura la charge de ce dossier. Le Conseil de l’Ordre devrait fournir des éléments de réponses au début de l’année 2016.
Vers une prise en charge collective des onéreux honoraires ?
Interrogée récemment, Pauline D’ORGEVAL, co-fondatrice du site, confirmait sa volonté de voir les assurances santé complémentaires (i.e. les mutuelles) prendre en charge les honoraires fixés à 295 euros : “Notre modèle économique, c’est que la consultation soit prise en charge par les complémentaires santé”
((“Complémentaires santé : un secteur en recomposition, John SUTTON, Agence fédérale d’information mutualiste, 21 décembre 2015 [consulté en ligne le 21 décembre 2015 sur le site de la Mutualité Française])).
La télémédecine s’est développée dans un souci d’équité de l’accès aux soins et ne doit pas être le moyen d’une marchandisation de la santé.
Quelle place sera faite au médecin traitant dans un tel dispositif ? Et qu’en est-il de nos correspondants habituels, médecins de second recours, qui prennent le temps de l’examen clinique des patients avant de nous adresser un avis spécialisé ?
Nous attendons avec impatience les conclusions qui seront rendues publiques par le Conseil de l’Ordre des Médecins sur la base du travail du Dr Jacques LUCAS.
Florian SAVIGNAC, Porte Parole de l’ISNAR-IMG.